Ameimse reviewed La reine sirène by Nghi Vo
La reine sirène
4 stars
Ce roman nous entraîne dans les coulisses de l'industrie du cinéma, à l'époque d'un premier âge d'or hollywoodien dans les années 1930. Mais l'autrice en propose une déclinaison originale, à partir d'un imaginaire fantastique qui lui permet d'évoquer la fascination que peut exercer ce cadre cinématographique ainsi que tous les travers de cette industrie. En effet, la mythologie qui est dessinée au fil des pages adopte des accents résolument métaphoriques en prenant en quelque sorte aux mots différentes formules classiquement employées pour évoquer ce qui s'y joue : ainsi, être une étoile conduit bel et bien à luire et à s'élever dans le ciel pour y briller, pour certaines, pour l'éternité, tandis que les puissants perdent et vendent bel et bien leur âme et leur humanité, et que les années de vie se marchandent de façon usuelle contre des services... On navigue avec curiosité dans un univers où toute cette …
Ce roman nous entraîne dans les coulisses de l'industrie du cinéma, à l'époque d'un premier âge d'or hollywoodien dans les années 1930. Mais l'autrice en propose une déclinaison originale, à partir d'un imaginaire fantastique qui lui permet d'évoquer la fascination que peut exercer ce cadre cinématographique ainsi que tous les travers de cette industrie. En effet, la mythologie qui est dessinée au fil des pages adopte des accents résolument métaphoriques en prenant en quelque sorte aux mots différentes formules classiquement employées pour évoquer ce qui s'y joue : ainsi, être une étoile conduit bel et bien à luire et à s'élever dans le ciel pour y briller, pour certaines, pour l'éternité, tandis que les puissants perdent et vendent bel et bien leur âme et leur humanité, et que les années de vie se marchandent de façon usuelle contre des services... On navigue avec curiosité dans un univers où toute cette dimension magique est commune et banale, et l'autrice l'exploite habilement avec un style toujours allusif et évocateur, mais sans jamais verser dans l'exposition, ni présenter précisément les règles.
Dans une telle ambiance de relecture magique du décor hollywoodien, "La reine sirène" s'impose comme un roman d'affirmation dans le sillage de sa narratrice, d'origine chinoise, lesbienne, qui entend tracer sa propre voie et devenir une étoile dans, et malgré, ce milieu patriarcal, raciste et hétéronormé que sont les studios où elle va devoir évoluer. Ce n'est pas sans ambivalences qu'elle affirme ses ambitions, qu'elle trace des lignes rouges, qu'elle expérimente et tente ainsi de trouver sa place depuis la blanchisserie de ses parents. En tant que narratrice rétrospective, sa voix porte et nous entraîne à ses côtés d'elle au fil d'un récit relativement linéaire et balisé, mais qui n'en est pas moins efficace ; son parcours permettant de dénoncer tour à tour le sexisme, le racisme et l'homophobie auxquels elle est confrontée.
C'était le premier texte que je lisais de Nghi Vo, et je ne compte pas m'arrêter là !