Leito@bw.heraut.eu reviewed La Folle Allure by Christian Bobin
La folle allure
3 stars
C'est un avis vraiment personnel, mais il y a des choses qui m'ont empêché de rentrer dans ce livre. Déjà, c'est un ersatz de Romain Gary version Ajar, sans jamais taper aussi juste. Écrire des phrases définitives ("la vie c'est..." "la grâce c'est...") mais décalées (un glissement du sens qui révèle autre chose, ce qui est propre à Gary/Ajar), ne suffit pas. Ce n'est pas parce qu'il y a une formule qui interpelle que ça dit quelque chose. Ce n'est pas parce qu'un personnage parle ou pense comme un enfant (ou l'image qu'on s'en fait) que c'est poétique, que c'est "léger" et qu'il y a du "cœur". Ce qui me gêne le plus, peut-être, c'est cette vision de la folie comme un pur état poétique, comme si c'était une simple position non-conformiste, un choix d'artiste face au monde pour le rendre plus beau (tout ça en citant Artaud...). L'autre problème …
C'est un avis vraiment personnel, mais il y a des choses qui m'ont empêché de rentrer dans ce livre. Déjà, c'est un ersatz de Romain Gary version Ajar, sans jamais taper aussi juste. Écrire des phrases définitives ("la vie c'est..." "la grâce c'est...") mais décalées (un glissement du sens qui révèle autre chose, ce qui est propre à Gary/Ajar), ne suffit pas. Ce n'est pas parce qu'il y a une formule qui interpelle que ça dit quelque chose. Ce n'est pas parce qu'un personnage parle ou pense comme un enfant (ou l'image qu'on s'en fait) que c'est poétique, que c'est "léger" et qu'il y a du "cœur". Ce qui me gêne le plus, peut-être, c'est cette vision de la folie comme un pur état poétique, comme si c'était une simple position non-conformiste, un choix d'artiste face au monde pour le rendre plus beau (tout ça en citant Artaud...). L'autre problème (mais qui est peut-être lié à la manière de voir les choses de l'auteur) c'est que tous les personnages sont dénués de moelle, manquent de vérité et ne sont là que pour convoquer une image. Exemple parmi d'autres : les amants de la narratrice sont le loup puis l'ogre, sauf qu'à part le nom ils n'ont rien d'un loup ni d'un ogre (j'imagine bien que l'idée c'est de renverser le conte, on aime les méchants parce qu'ils ont autre chose à dévoiler que la peur qu'ils inspirent, mais j'ai plus senti ça comme une coquetterie anti-conformiste qu'un réel retournement de l'imaginaire du monstre). Je répète que tout cela est très personnel (peut-être que j'étais de mauvais poil quand je l'ai lu) et ça reste un roman au style très recherché avec quelques beaux passages. Une lecture originale mais sans douleur qu'on pourrait proposer à un.e jeune lecteur.rice.