Quand le fordisme disciplinait les travailleurs en vidant leur métier de toute responsabilité et en surveillant leurs bonnes mœurs, la psychologie positive digérée par le management a pour but de transformer radicalement l'image qu'ils ont de l'entreprise, en gommant les rapports de domination. Celui qui voit de la hié-rarchie, de l'aliénation et des actionnaires dans ce nouveau monde de bonheur au travail ne fait décidément pas preuve d'un «état d'esprit de croissance». Il doit travailler sur lui-même, ou dégager. Les gourous de la psychologie positive au travail constituent une caste de sous-bourgeois dont la mission consiste à déplacer toute injustice d'ordre systémique, imposée par le patronat, sur les individus eux-mêmes broyés par le système. De la sorte, la croyance selon laquelle c'est aux individus de s'adapter à ce système économique destructeur (et pas l'inverse) est renforcée.

— Parasites by Nicolas Framont (Page 128)