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Alors, Ulrich se souhaita d'être un homme sans qualités. Mais les chsoes ne sont pas tellement différentes chez les autres hommes. Au fond, il en est peu qui sachent encore, dans le milieu de leur vie, comment ils ont bien pu en arriver à ce qu'ils sont, à leurs distractions, leur conception du monde, leur femme, leur caractère, leur profession et leurs succès ; mais ils ont le sentiment de n'y plus pouvoir changer grand-chose. On pourrait même prétendre qu'ils ont été trompés, car on n'arrive jamais à trouver une raison suffisante pour que le choses aient tourné comme elle l'ont fait ; elles auraient aussi bien pu tourner autrement ; les événements n'ont été que rarement l'émanation des hommes, la plupart du temps ils ont dépendu de toutes sortes de circonconstances, de l'humeur, de la vie et de la mort d'autres hommes, ils leur sont simplement tombés dessus à un moment donné. Dans leur jeunesse, la vie était encore comme un matin inépuisable, de toutes part débordante de possibilités et de vide, et à midi déjà voici quelque chose devant vous qui est en droit d'être désormais votre viem et c'est aussi surprenant que le jour où un homme est assis là tout à coupm avec qui l'on a correspondu pendant vingt ans sans le connaître, et qu'on s'était figuré tout différrent. Mais il le plus étrange est encore que la plupart des hommes ne s'en aperçoivent pas ; ils adoptent l'homme qui est venu à eux, dont la vie s'est acclimatée en eux, les évènements de sa vie leur semblent désormais l'expression de leurs qualités, son destion est un mérite ou leur malchance.

L' homme sans qualités by  (Page 188)