Le livre oscille entre socio (références, études) et littérature (saynètes fictives, jeux de mise en page), qui ne sert pas toujours la clarté du propos. Mais peut-être est-ce là la volonté de l'autrice, transcrire par la forme toute la complexité et l'intrication de son fond : le mérite. C'est déstabilisant de ne jamais lire de critiques sur le mérite en lui-même, mais sur ses invocations, sa discipline sociale, son objectivité affichée. Petit tour des passages marquants : p.13 : le mérite est une pratique sociale de l'évaluation, de la comparaison et du classement perpétuel des individus. Un mélange de talent, d'effort ou de souffrance selon le sujet. p.16 : mérite comme "sociodicée", càd un mode de justification a posteriori des inégalités p.23 : une fiction nécessaire pour se croire en contrôle, maintenir le contrat social malgré les inégalités flagrantes. Essor sous Napoléon de la rhétorique méritocratique (médailles,..) p.37 : discrimination …
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Ren wants to read In a different voice by Carol Gilligan
Ren finished reading Vertige de la dépendance by Nathalie Sarthou-Lajus
Vertige de la dépendance by Nathalie Sarthou-Lajus
Nos sociétés n'ont jamais été tant confrontées à la dépendance et à l'addiction : comment penser ces situations de grande …
Ren wants to read La tyrannie du mérite by Michael Sandel
Ren finished reading Mérite by Annabelle Allouch
Mérite by Annabelle Allouch
Loin d'être un principe de justice consensuel, les usages et la définition donné au mérite deviennent un enjeu central de …
Ren reviewed Mérite by Annabelle Allouch
Entre sociologie et littérature, le brouillard du mérite
4 stars
Le livre oscille entre socio (références, études) et littérature (saynètes fictives, jeux de mise en page), qui ne sert pas toujours la clarté du propos. Mais peut-être est-ce là la volonté de l'autrice, transcrire par la forme toute la complexité et l'intrication de son fond : le mérite. C'est déstabilisant de ne jamais lire de critiques sur le mérite en lui-même, mais sur ses invocations, sa discipline sociale, son objectivité affichée. Petit tour des passages marquants : p.13 : le mérite est une pratique sociale de l'évaluation, de la comparaison et du classement perpétuel des individus. Un mélange de talent, d'effort ou de souffrance selon le sujet. p.16 : mérite comme "sociodicée", càd un mode de justification a posteriori des inégalités p.23 : une fiction nécessaire pour se croire en contrôle, maintenir le contrat social malgré les inégalités flagrantes. Essor sous Napoléon de la rhétorique méritocratique (médailles,..) p.37 : discrimination sous couvert de méritocratie : exemple du concours d'entrée à l'ENA uniquement pour les femmes dans l'après-guerre p.43 : illusion de justice sociale du concours à l'instant T : copies anonymes, temps de composition égaux. Glissement du mérite vers l'"âge du potentiel", sélection des singularités (sur dossier, sur oral) p.66 : "mérite républicain" et "ascenseur social", incarnation des mobilités ascendantes "extrêmes" : la figure du boursier p.69 : parcoursup : mérite ou ajustement de l'offre à la demande ? p.84 : mérite, une reconnaissance de l'effort réservée à une élite p.87 : comédie des émotions méritocratiques, mise en avant des origines populaires plus ou moins réelles p.89 : efficacité émotionnelle du mérite, une expérience sensible entière (honte, fierté, angoisse) en pleine subjectivité p.93 : le mérite est une "discipline" au sens de Foucault, càd une relation de pouvoir, une technique de gouvernement p.102: CCl° : le mérite est une croyance : "C'est sur cette subjectivité que repose un système qui objectivement ne donne aucune place au mérite."
Résumé babelio : "Alors que les inégalités sociales (notamment face à l'école) ont été aggravées ces vingt dernières années par les crises économiques, pourquoi continue-t-on de croire au mérite ? " Yes, we can ! ", " Qui veut, peut ", " premiers de cordées "... Défendu autant par les partis progressistes que conservateurs, peu de notions font l'objet d'un consensus politique aussi complet que le mérite. Il est ainsi investi comme un principe " juste " de distribution des ressources rares. De la même façon, l'école s'est imposée dans de nombreuses sociétés comme l'espace de construction de l'émancipation des individus par le mérite par excellence. Pourtant qui définit le mérite aujourd'hui, et surtout comment le définit-on ? Cet essai incarné et sensible vise, à partir de l'apport d'études récentes en sciences sociales, à réhabiliter les luttes (ordinaires ou politiques) qui structurent les usages de la rhétorique méritocratique comme principe de justice. Car loin d'être univoque, le mérite fait l'objet d'une reconfiguration perpétuelle, autant dans l'espace public, que dans nos relations ordinaires aux institutions. De la même manière, à rebours d'une lecture qui ferait du mérite un principe abstrait de la justice sociale hérité de la Révolution française, la sociologue Annabelle Allouch propose de comprendre le mérite comme une morale sensible de la reconnaissance qui structure notre quotidien, ce qui permet de comprendre notre attachement à cette notion, malgré les critiques dont elle fait l'objet. Pour ce faire, elle mobilise avec talent un ensemble de saynètes tirées de l'actualité ou bien ses propres enquêtes autour de la sociologie du concours et des effets de la discrimination positive dans l'accès à l'enseignement supérieur. "
Ren wants to read Le traité Rustica de la conservation by Aglaé Blin
Ren finished reading Vaincre l'injustice climatique et sociale by Naomi Klein
Vaincre l'injustice climatique et sociale by Naomi Klein, Rebecca Stefoff
Les auteures expliquent comment il est possible d'instaurer une justice climatique et sociale grâce à l'engagement et à la lutte, …
Ren finished reading L'Exode Urbain by Claire Desmares-Poirrier
L'Exode Urbain by Claire Desmares-Poirrier
La pandémie de Covid-19 a éveillé un sentiment de vulnérabilité chez les citadins. A l'annonce du confinement, des centaines de …
Ren reviewed L'Exode Urbain by Claire Desmares-Poirrier
Un appel à l'exode urbain, entre méthode Coué et négation des autres antagonismes sociaux
3 stars
Claire Desmares-Poirrier est maintenant agricultrice depuis 10 ans. Elle est également engagée chez EELV. Elle procède d'abord par une critique des modes urbains, avant de passer ses motivations de ruralité pour universelles et de reprendre certains clichés sur la campagne. p.20 : intéressant critère statistique de l'INSEE pour caractériser une ville : à partir de 2000 habitants en bâti continu p.24 : racines politiques, plan européen Mansholt, préconise la disparition de 5 millions de paysans entre les années 70 et 80. Ex de la Creuse, perte de 80% d'habitants dans les communes entre 1900 et 2000 p.25 : exode rural inscrit dans la culture (F. Cabrel "Les murs de poussière") p.29 : projets de mai 68, Moulin Roty et Ardelaine p.41 : dans les années 80, lobby "vivre et travailler au pays" par les syndicats pour le maintien du maillage industriel local Argumentation fragile pour la vie rurale : - …
Claire Desmares-Poirrier est maintenant agricultrice depuis 10 ans. Elle est également engagée chez EELV. Elle procède d'abord par une critique des modes urbains, avant de passer ses motivations de ruralité pour universelles et de reprendre certains clichés sur la campagne. p.20 : intéressant critère statistique de l'INSEE pour caractériser une ville : à partir de 2000 habitants en bâti continu p.24 : racines politiques, plan européen Mansholt, préconise la disparition de 5 millions de paysans entre les années 70 et 80. Ex de la Creuse, perte de 80% d'habitants dans les communes entre 1900 et 2000 p.25 : exode rural inscrit dans la culture (F. Cabrel "Les murs de poussière") p.29 : projets de mai 68, Moulin Roty et Ardelaine p.41 : dans les années 80, lobby "vivre et travailler au pays" par les syndicats pour le maintien du maillage industriel local Argumentation fragile pour la vie rurale : - c'est plus cher en ville (alimentation de qualité et logement) - pollution atmosphérique, lumineuse et sonore de la ville p.29 : la ville pousse aux amitiés électives (= choix des relations sociales) p.74 : envolée sur les rythmes naturels et la biodynamie, "pourquoi on a peur en forêt la nuit plus qu'en ville ?", pertinence de l'argument douteuse : mythe homme-animal pré-prométhéen. À poil dans la forêt on survit pas longtemps. p.78 : encouragement du haut débit et du télétravail à la campagne, "espaces de coworking ruraux", "ruralité 2.0". Gros doutes, que devient le "travailler au pays" ? Ou alors dans un second temps, après mise en contact progressive ? p.65 : oups, l'Atelier Paysan est qualifié de "fab lab", sa critique de la technobéatitude en prend un coup.. Et si on relisait le manifeste "Nous ne sommes pas des fablabs" ? p.88 : relativisation de la pression foncière à cause de l'exode urbain, "beaucoup trop de biens à vendre par rapport nombre d'acheteurs". Méconnaissance flagrante de la tension du logement et du foncier dans certaines régions (Creuse,..). p.89 : reprise de la croyance politique de la "fracture numérique" (cf. louisderrac.com/2020/11/19/du-concept-de-fractures-numeriques-a-celui-de-capital-numerique/) p.91 : critique du "marketing territorial", des régions qui vendent leur "avantage comparatif" p.94 : sur le rapport au conflit dans la vie rurale municipale : tendance au consensus plus souvent qu'en ville p.95 : méthode d'intégration à la campagne : d'abord faire profil bas, preuve de respect et ensuite participer au débat progressivement p.107 : Paris c'est 3 jours d'autonomie alimentaire CCl° : quitter la ville est un préalable au "nous", mais on fait quoi des prolétaires taillés pour la galère urbaine??
Ren finished reading Jeux vidéo, nouvel opium du peuple ? by Olivier Servais
Jeux vidéo, nouvel opium du peuple ? by Olivier Servais
En quatre décennies, les jeux vidéo sont devenus une des premières industries culturelles mondiales. La révolution numérique et la connexion …
Ren reviewed Jeux vidéo, nouvel opium du peuple ? by Olivier Servais
Étude des horizons et des tendances de sociablilité dans le capitalisme numérique
3 stars
Le titre de l'ouvrage est trompeur et manque l'essence du contenu. Si l'on avait souhaité lire sur les mécanismes de contrôle social par le truchement du jeu vidéo, on se trouve plutôt face à une analyse des nouvelles sociabilités poussées par l'avènement du monde vidéo-ludique. En creux se donne la réponse à la question : "Quelle société génère ce type de pratiques sociales ?" On retire d'abord des caractéristiques essentielles : un gamer à vision positive de son avenir personnel sur un arrière fond social pessimiste. Dualité récurrente entre le (techno-) cocon et le chaos du dehors ("jungle out there"). p.21 : oscillation entre cynisme et désillusion, dans une crise de la projectivité p.26 : ambiguité des vues sur la science, à la fois mécanisme de chaos et de salut p.27 : modification anthropologique du relationnel faute de futur : hypertrophie des sociabilités "proches", survie sociale par un noyau de …
Le titre de l'ouvrage est trompeur et manque l'essence du contenu. Si l'on avait souhaité lire sur les mécanismes de contrôle social par le truchement du jeu vidéo, on se trouve plutôt face à une analyse des nouvelles sociabilités poussées par l'avènement du monde vidéo-ludique. En creux se donne la réponse à la question : "Quelle société génère ce type de pratiques sociales ?" On retire d'abord des caractéristiques essentielles : un gamer à vision positive de son avenir personnel sur un arrière fond social pessimiste. Dualité récurrente entre le (techno-) cocon et le chaos du dehors ("jungle out there"). p.21 : oscillation entre cynisme et désillusion, dans une crise de la projectivité p.26 : ambiguité des vues sur la science, à la fois mécanisme de chaos et de salut p.27 : modification anthropologique du relationnel faute de futur : hypertrophie des sociabilités "proches", survie sociale par un noyau de petite taille (type guilde) Effet de bord : fragmentation sociétal, pas de fédération des noyaux et génération "désinstitutionnalisée" (vacuité des symboles historique du vivre ensemble) Conséquence : disparition de la sphère publique, phagocytée par le cocon privé p.40 : massification du jeu en ligne à partir de 2010 p.50 : le plus souvent, le lieu du jeu est le lieu de la famille p.60 : idée fixe de l'auteur sur les eschatologies (discours sur la fin des temps, à compléter par les cosmogonies pour le début) : le religieux y laisse la place à un technoscientifisme (horizon et salut par le cyborg, corps-avatar, transhumanisme) p.77 : envolée sur une "métacréature d'intelligence artificielle collective", kamoulox étrange qui interroge : l'auteur fait-il partie lui même de la population qu'il étudie ? suite avec mythe du téléversement de conscience, sous un jour plus technocrédule que technocritique. p.90 : vivre l'idéal par procuration, compensation des frustrations IRL p.97 : étrange digression sur la dualité urbain/rural, concept intéressant d'"affairement" (T. Périlleux) : noyer dans l'action les interrogations sur les finalités de l'existence. p.100 : globalisation, "liquéfaction des territoires", déstructuration par le "flou des flux" (Singleton) p.108 : la revanche des Ikkikomori : investissement du champs d'action politique (ex. SSLA Second Life Liberation Army, activisme pour plus de démocratie dans le jeu SL) p.113 : par la création "Chômeur Blaster" second degré politique, réalisé en 2014 en Belgique. Exemple intéressant mais qui ne constitue en rien une preuve sociologique d'une tendance politique du gaming. En conclusion, un livre assez désarticulé, qui sent le pot-pourri des ouvrages précédents de l'auteur avec bonus pour le jeu des copains en synthèse et dépassement du cliché du gamer apolitique.
Ren reviewed Vaincre l'injustice climatique et sociale by Naomi Klein
Pour les jeunes
3 stars
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pourquoi climatique ET sociale
- ouragan Katrina, double peine : population noire exclue des protections (digues pas entretenues), puis expulsée après le désastre "terrassement social" du "capitalisme du désastre"
- zones nationales de sacrifice aux E.U. : ex les Appalaches, avec travail de dénigrement des communautés locales (ivrognes !) pour fabriquer l'acceptation
- si uniquement climatique, danger de l'écofascisme type suprémaciste de Christchurch
-
proposition : les pays riches indemnisent les pays pauvres qui renoncent à exploiter un potentiel fossile
-
histoire du productivisme
- machine de Watt/Newcomen, retard à l'allumage de son invention (1712) à la première application (scierie 1782), concurrence avec l'hydraulique avec une différence : le charbon permet une implantation en ville où la population est plus corvéable et peut être mise en concurrence
- origine de l'extractivisme : F. Bacon (XVIe), changement de paradigme sur la nature, que l'homme doit "à volonté, la conduire, la pousser"
- écho J. Locke ("état de parfaite liberté, …
-
pourquoi climatique ET sociale
- ouragan Katrina, double peine : population noire exclue des protections (digues pas entretenues), puis expulsée après le désastre "terrassement social" du "capitalisme du désastre"
- zones nationales de sacrifice aux E.U. : ex les Appalaches, avec travail de dénigrement des communautés locales (ivrognes !) pour fabriquer l'acceptation
- si uniquement climatique, danger de l'écofascisme type suprémaciste de Christchurch
-
proposition : les pays riches indemnisent les pays pauvres qui renoncent à exploiter un potentiel fossile
-
histoire du productivisme
- machine de Watt/Newcomen, retard à l'allumage de son invention (1712) à la première application (scierie 1782), concurrence avec l'hydraulique avec une différence : le charbon permet une implantation en ville où la population est plus corvéable et peut être mise en concurrence
- origine de l'extractivisme : F. Bacon (XVIe), changement de paradigme sur la nature, que l'homme doit "à volonté, la conduire, la pousser"
- écho J. Locke ("état de parfaite liberté, (..) de faire ce qu'il leur plaît") & Descartes "maîtres et possesseurs de la nature (XVIIe)
- charbon et mort par anthracose (p.119)
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risque de confusion avec le conservationisme élitiste (parcs nationaux et réserves)
- opposition historique avec Aldo Leopold et H.D. Thoreau
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naissance conscience écologique moderne et occidentale avec R. Carson et Printemps Silencieux (1962) contre le DDT
- pousse à une vague de lois jusque 1980, type pollueur payeur
- suivi par le développement d'une culture de la connivence, win win et lobby big green (p.129)
- climax en 1988, année charnière : création du GIEC mais choix pour le libre marché
- ExxonKnew dès 1977
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géoingénieurie, sulfate de fer et salut par efflorescence d'algues en 2012 (p.190)
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Porto Rico, tempête Maria en 2017 : privation d'eau et d'électricité pendant des mois qui a aggravé le bilan humain (3000 morts)
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proposition du New Deal Vert, Marshall écolo (on reste sur du solutionnisme de marché...)
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adoptons la philosophie du "buen vivir" = le droit à la vie bonne, dans le respect des arbres
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conclusion par un appel à l'action et à la jeunesse, en mode "plantez des arbres"
-> Rq: une bibliographie presque entièrement constituée de références en ligne, ça manque un peu de consistance